

On en entend beaucoup parler, la classe flexible : un concept originaire d’Amérique du Nord, largement plébiscité en Scandinavie et qui peu à peu se développe en France.
Curieuses d’en savoir plus, nous avons voulu tester et vivre en direct ce nouveau concept. Au plus près des enseignants, des élèves, on teste pour vous pendant 6 mois le déploiement d’une classe flexible en classe de CE1 et en classe ULIS. Trois enseignantes de l’école Joliot Curie ont accepté de participer à l’aventure.
Nous découvrons ensemble les bienfaits, les à-priori, les barrières, les différentes étapes clés et nous les partageons avec vous. Tous les mois, nous publierons un retour, chaque retour n’a pas pour vocation de déterminer une méthodologie, une pédagogie, il s’agit d’un simple partage d’expérience, des retours sans filtres, que l’on espère didactiques.


Écoutez notre podcast sur la classe flexible.
Le début du commencement
Le projet est lancé, on est toutes motivées. Nous commençons par l’étape clé : Quel mobilier commander ? Quelle quantité ? Où allons-nous stocker les nouvelles assises ? Viennent-elles en remplacement des assises classiques ? Où devons-nous les proposer en supplément des assises existantes ? On opte pour un départ en douceur, nous proposerons les assises alternatives lors d’activités spécifiques, afin de voir comment les enfants se les approprient, et comment ils se comportent.


Alors là, surprise, les enfants les ont adoptés très rapidement, nous avons choisi une approche douce, déjà testée et approuvée par beaucoup de classes au préalable : les poufs pour les ateliers lecture. Spontanément les enfants se sont déchaussés et pourtant nos poufs ont un revêtement nylon donc ne craignent pas les marques de chaussures. De loin le préféré reste le pouf géant, utilisé en format coussin, il accueille facilement deux enfants de 7-8 ans. Sa popularité se confirmera plus tard également sur d’autres ateliers. Pourquoi avons-nous proposé d’abord ce type d’assise pour les ateliers lecture ? Simplement parce qu’il est recommandé dans un premier temps d’accompagner les enfants dans le choix de l’assise qui leur convient le mieux. Au fur et à mesure, l’enfant devient autonome et adapte son assise en fonction de ses besoins.
La rentrée
Le deuxième trimestre ne nous a pas permis de poursuivre l’aventure comme nous l’aurions souhaité, mais c’est avec beaucoup de plaisir que nous nous retrouvions à la rentrée, en septembre. Ravies de constater la continuité du projet et même plus, son évolution. Effectivement, les classes que nous suivions sont désormais semi-flexibles, le concept d’autonomie, du choix de l’enfant quant à sa place en arrivant le matin et le travail par atelier y prennent tout leur sens.
Les enseignantes ont redoublé d’ingéniosité, on notera notamment les plateaux de petit-déjeuner d’une célèbre marque scandinave.




Il nous suffira d’assister à l’arrivée des enfants dans la classe le matin pour vite se rendre compte qu’ils ont très vite adopté le mode de classe flexible, ou semi-flexible. Finies les places attitrées, chaque enfant choisit son assise et sa place, chaque matin et à chaque changement d’atelier, ils peuvent ainsi se déplacer dans la journée au gré des activités et de l’assise qui leur plait. Cependant, on soulève que les limites actuelles sont très vite liées à l’espace et à l’agencement de la classe. Les enfants devant enjamber les sacs, trébuchant sur les cartables, soulevant les poufs au-dessus des tables rectangulaires…
Il faut compter presque 20 minutes pour reconfigurer la classe pour certains ateliers ! On reste encore éloigné de la Classe Flexible reconfigurable en 5 minutes chrono ! Mais l’évolution est bien là et avant tout ce sont les progrès des élèves, leur autonomie grandissante et la participation active de ses derniers qui font le succès de notre expérimentation.
Alors pourquoi pas entièrement flexible ? Et bien, on se rend compte qu’au-delà de l’aspect matériel, notamment le mobilier, réel frein à la modularité de l’espace, c’est également la manière d’enseigner qui doit s’adapter. Malgré la volonté et la détermination de toutes les enseignantes participant au projet, elles ont dû, elles aussi, s’adapter. Leur conseil, ne pas sous-estimer le travail et la réflexion en amont que cette nouvelle classe représente. Adeline, enseignante de la double classe CE1-CE2, envisage même d’enlever son bureau ! « L’indétrônable bureau de la maîtresse » n’a plus lieu d’être dans cette nouvelle classe.
On notera également que la classe flexible ou semi-flexible s’inscrit parfaitement dans la personnalisation de l’enseignement, chaque élève pouvant récupérer de manière autonome ses exercices dans la bannette qui lui est dédiée, ces derniers pouvant effectivement être adaptés à chaque enfant, ce qui permet de leur proposer des activités ciblées en fonction de leur progrès scolaire.
De même que la classe flexible encourage la participation active de chaque enfant, permettant à l’enseignante de donner des leçons en plus petit comité et des temps d’observation de qualité.